ANTONA-TRAVERSI Camillo
(Milano 1857 - Saint-Briac 1934)
MISERE Jean
Brachetta verde. Fiaba in cinque atti e 12 quadri illustrata da Luigi Melandri
Luogo: Milano
Editore: Giuseppe Morreale Editore
Stampatore: Nello stabilimento di Arti Grafiche dell'Editore in Milano
Anno: 1926
Legatura: brossura
Dimensioni: 20,5x15 cm.
Pagine: pp. 129 (7)
Descrizione: copertina illustrata con un disegno a colori, 2 tavole in bianco e nero f.t., 4 illustrazioni a piena pagina, 11 testatine e 4 finali al tratto di Luigi Melandri (Mezzano 1892 - Milano 1955). Esemplare in ottimo stato di conservazione. Prima edizione.
Bibliografia: Domenico Fusco, «Edizioni originali degli scrittori italiani (1900 – 1947)», Torino, Berruto, 1948: pag. 15
Prezzo: € 80ORDINA / ORDER
La menzione di "Jean Misère" come co-autore, che compare solo al frontespizio e non in copertina, allude probabilmente non a un altro scrittore ma a una canzone scritta da Eugène Pottier nel 1880 in memoria della Comune di Parigi: "Jean était un ancien communard, qui échappa à la répression menée par les Versaillais et finit sa vie dans la solitude et le dénuement le plus total, d’où son surnom, Jean «Misère». Un surnom trouvé par le poète Eugène Pottier, car en fait Jean Misère n’a pas réellement existé. Jean Misère est le protagoniste d’un poème. Un poème écrit neuf ans après la Semaine sanglante" («Eugène Pottier: Jean Misère» in: LA-BAS SI J'Y SUIS, 4 febbraio 2025)

Eugène Pottier: «Jean Misère», 1880

Décharné, de haillons vêtu / Fou de fièvre, au coin d’un impasse, / Jean Misère s’est abattu. / «Douleur, dit-il, n’es-tu pas lasse?» / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?… // Pas un astre et pas un ami! / La place est déserte et perdue. / S’il faisait sec, j’aurais dormi, / Il pleut de la neige fondue. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais ?… // Est-ce la fin, mon vieux pavé? / Tu vois: ni gîte, ni pitance, / Ah! la poche au fiel a crevé; / Je voudrais vomir l’existence. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais ?… // Je fus bon ouvrier tailleur. / Vieux, que suis-je? une loque immonde. / C’est l’histoire du travailleur, / Depuis que notre monde est monde. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais ?… // Maigre salaire et nul repos, / Il faut qu’on s’y fasse ou qu’on crève, / Bonnets carrés et chassepots / Ne se mettent jamais en grève. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?… // Malheur! ils nous font la leçon, / Ils prêchent l’ordre et la famille; / Leur guerre a tué mon garçon, / Leur luxe a débauché ma fille! / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?… / De ces détrousseurs inhumains, / L’Église bénit les sacoches; / Et leur bon Dieu nous tient les mains / Pendant qu’on fouille dans nos poches. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?… / Un jour, le Ciel s’est éclairé, / Le soleil a lui dans mon bouge; / J’ai pris l’arme d’un fédéré / Et j’ai suivi le drapeau rouge. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?... // Mais, par mille on nous coucha bas; C’était sinistre au clair de lune; / Quand on m’a retiré du tas, / J’ai crié: Vive la Commune! / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?… // Adieu, martyrs de Satory, / Adieu, nos châteaux en Espagne! / Ah! mourons!… ce monde est pourri; / On en sort comme on sort d’un bagne. / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?… // À la morgue on coucha son corps, / Et tous les jours, dalles de pierre, / Vous étalez de nouveaux morts: / Les Otages de la misère! / Ah! mais… / Ça ne finira donc jamais?…